L’Autriche, de la mer d’huile à la mer de glace

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A la decouverte du Vorarlberg 

Notre parcours autrichien commence dans le Vorarlberg, une région connue des architectes comme un laboratoire de la construction durable. Mais, pas besoin d’être un initié ni d’aller visiter les réalisations d’architectes de renom, pour comprendre qu’ici la construction est à la fois respectueuse des traditions et innovante.

Partout de petits bâtiments poussent. Loin des images préconçues qu’on peut avoir de la maison contemporaine, ces constructions neuves se mêlent harmonieusement aux plus anciennes. Les unes et les autres partagent deux qualités essentielles de la maison écologique : forme compacte et matériau durable, ici le bois.

Croquis parc du Nagelfluhkette

Ce dynamise dans la construction est le reflet d’une économie qui a su saisir l’opportunité de la transition écologique pour se développer, et qui attire aujourd’hui les habitants.

Dans les années 80, cette région était la plus pauvre d’Autriche, aujourd’hui, elle est devenue la plus dynamique, et est en bonne voie pour atteindre d’ici 2050 l’autonomie énergétique à partir de sources renouvelables.

Cette transformation ne s’est pas faite sans une forte implication de la population et une régulation de la concurrence favorisant les entreprises locales.

Une solidarité palpable au quotidien. Nulle part ailleurs en Autriche nous ne nous sommes sentis si accueillis !

Usine bois Vorarlberg

Le Vorarlberg dans notre périple, c’est aussi un changement de rythme, nous y arrivons par les bords du lac de constance avec une vitesse de croisière de 24 km/j, et y redécouvrons ce qu’est une étape de montagne.
Une transition qui ne se fait pas sans douleur, et ce, malgré la beauté des prairies en fleur.

Le Nagelfluhkette,

le début de notre périple alpin 

Le premier ensemble de montagnes que nous traversons est le Nagelfluhkette, un massif préalpin situé à cheval entre le Vorarlberg et l’Allgau en Allemagne. Il se caractérise par sa roche formée de conglomérats de galets que l’on pourrait comparer à un béton.
Les “granulats” sont issus de l’érosion des massifs des Hautes-Alpes durant l’aire glaciaires.
Son “liant” est le carbonate de calcium provenant des roches calcaires des couches sédimentaires supérieures. Celui-ci est dissous par l’eau de pluie, formant des grottes karstiques, et s’infiltre dans les couches inférieures où il se cristallise.

Le béton naturel ainsi formé a ensuite été plissé et s’est soulevé pour former trois petites chaînes de montagnes parallèles. Chacune d’elles présente une face abrupte, où la roche est visible, et de l’autre côte de la crête, une pente plus douce sur laquelle s’étendent des prairies.

Croquis Nagelfluhkette

Le Tyrol,

au coeur des hautes Alpes autrichiennes 

Passé cet ensemble préalpin, nous arrivons dans le Tyrol, en termes de dénivelé, c’est ici que les choses sérieuses commencent !

C’est aussi ici que le GR européen 5 devient touristique. Les hauts sommets autrichiens attirent de nombreux randonneurs allemands, à qui un petit guide vert vend une traversée de Obersdorf à Merano en deux semaines.

D’abord impressionnés par le rythme de ces marcheurs, nous réalisons que ce guide leur fait emprunter des téléphériques sur les premiers mètres des montées et des cars dans les vallées, concentrant la randonnée sur les parties les plus spectaculaires et sportives. Un condensé de hauts sommets en quelques jours que l’on ne peut recommander qu’à des paires de pattes bien entraînées.

Pour notre part, nous passons une vingtaine de jours sur ce tronçon. D’abord dans les Alpes de Lechtal puis dans l’Otzal. Progressant doucement d’un massif humide et verdoyant vers les glaciers et neiges éternelles des hautes Alpes autrichiennes.

Le Lechtal est le plus haut massif des Alpes calcaires du nord.
La diversité des paysages y est impressionnante. Du fond des vallées jusqu’à 1800 m d’altitude, l’abondance des précipitations et la fertilité du sol créent des paysages verdoyants. En dépassant les 2000 m, les prairies succèdent aux forêts ; et enfin, à l’approche des cols et sommets, toute végétation disparaît, laissant la roche nue.

L’Otzal est un massif austroalpin faisant partie des plus anciennes formations rocheuses de la chaine alpine. Il est composé de roches métamorphiques, c’est-à-dire ayant été enfoui durant la subduction de la plaque européenne sous la plaque Adriatique avant de remonter à la surface. Ces roches ont la particularité d’être cassantes, créant de grandes zones d’éboulis en contre bas des crêtes.

La forte présence de ces pierres dans le paysage se retrouve dans la construction.
Jusqu’à présent le bois était prédominant, il est maintenant assorti d’un socle en pierre au rez-de-chaussée et au premier étage. Ce socle est occupé par les pièces à vivre, tandis que la partie en bois sert de grenier ou de grange.

Une configuration que l’on peut comparer aux maisons que nous avons observées en France, autour de Belfort. Là-bas, la dépendance agricole était juxtaposée à la maison en pierre, ici les deux parties se superposent. Une rampe entre le haut de la pente et l’étage permet de créer un accès direct à la grange.

Glacier Mittelberg

Notre itinéraire autrichien s’achève au pied du Wildspitze plus haut sommet du pays et point culminant de notre périple. Nous sommes à la fontière entre un dessert de roche et une mer de glace. Un paysage à la fois statique et mouvant dont les dimensions, les cycles, et les forces nous dépassent.

Nous rejoignons l’Italie par le col de Timmelsjoch, pour suivre la fin de cette traversée des Alpes, rendez-vous ici

Marie Epagneau